La science peut-elle nous aider à mieux comprendre les comportements extraconjugaux ?

Et si l’infidélité était dictée par des « lois naturelles » ? Par des facteurs génétiques / scientifiques / culturels ?

Bref, et si l’infidélité n’était pas uniquement la conséquence de choix individuels mais la conséquence de facteurs endogènes ET exogènes ?

Ces interrogations sont loin d’être anecdotiques. Différentes études très sérieuses s’intéressent de près ou de loin à ces questions …

Les animaux sont-ils fidèles ?

De nombreux animaux vivent en couple. Mais ces derniers sont rarement fidèles …

  • Moins de 10% des espèces animales seraient monogames.
  • Près de 5% des espèces animales seraient parfaitement fidèles.

La fidélité ne semble donc pas être la norme dans le monde animal / du point de vu de la biologie.

Zoom / décalé : la fidélité des oiseaux serait liée aux changements climatiques …

Deux chercheurs de l’université de North Carolina et de Columbia (‘Fluctuating Environments, Sexual Selection and the Evolution of Flexible Mate Choice in Birds‘) ont publié une étude selon laquelle les fluctuations de temps peuvent influencer le choix d’un partenaire sexuel chez les oiseaux. Pour les chercheurs, l’envie d’aller à la rencontre de nouveaux partenaires répondrait au besoin de trouver un partenaire « plus adapté » aux nouvelles conditions climatiques.

Un gène propre à l’infidélité ?

Plusieurs généticiens considèrent que certains gènes pourraient avoir une influence sur le comportement sexuel et sur le besoin de vivre des relations avec plusieurs partenaires.

  • Une étude publiée par des chercheurs américains courant 2009 (Production of Germline Transgenic Prairie Voles’) établissait déjà un lien fort entre ces deux éléments. Jean-Yves Nau (Journaliste au journal Le Monde et docteur en médecine …) propose une synthèse de ces travaux dans un article publié sur Slate.fr : ‘L’intérêt scientifique porté aux campagnols avait déjà permis de démontrer que des modifications induites au niveau du gène du récepteur de la vasopressine permettait de bouleverser les comportements sociaux et sexuels des campagnols. Schématiquement, plus le taux des récepteurs intracérébraux à la vasopressine augmente plus la fidélité est au rendez-vous’.
  • Une autre étude réalisée par des chercheurs de la State University of New York (‘Like to Sleep Around? Blame Your Genes‘) soutient également l’hypothèse de l’existence d’un gène susceptible d’expliquer l’infidélité. Le gène incriminé par les chercheurs est le gène DRD4. Ce gène sert en particulier à recevoir la dopamine, une hormone qui pousse à la recherche d’émotions fortes. Il est d’ailleurs aussi cité pour expliquer le comportement de personnes alcooliques ou dépendantes aux jeux de hasard …
  • Une étude du Karolinska Institut à Stockholm laisse penser que la variante du gène allèle 334 (présent chez 4 suédois sur 10) aurait une influence considérable sur le comportement affectif / sexuel de l’homme.
  • Jared Diamondprofesseur de physiologie à la faculté de médecine de Los Angeles – défend pour sa part une vision qui met en avant le rôle l’instinct de reproduction. Selon lui, les hommes seraient génétiquement programmés pour obéir à cet instinct (diversifier / multiplier leurs relations sexuelles), surtout en cas de manque d’affection ou d’insatisfaction sexuelle au sein du couple.

Mais attention. Ces travaux évoquent un lien possible, mais ils ne proposent pas une interprétation purement déterministe.

Autrement dit, on ne naît pas fidèle ou infidèle.

Le rapport à la fidélité / l’infidélité peut être influencé :

  • Par des facteurs génétiques ;
  • Mais aussi par tout un ensemble d’autres facteurs personnels / sociaux / culturels.

Du côté des sciences humaines

L’infidélité peut-elle être expliquée par l’analyse des comportements humains ?

La plupart spécialistes (sociologues / psychologues / psychiatres / psychanalystes / sexologues etc) qui ont travaillé sur le thème de l’infidélité (Charlotte Le Van, Aldo Naouri, Maryse Vaillant, Yvon Dallaire) s’accordent sur plusieurs points.

  • Il semble tout d’abord que les hommes séparent plus facilement les notions d’amour et le désir sexuel. Ces derniers sont capables d’avoir des relations sexuelles sans éprouver de sentiments amoureux.
    A contrario, les femmes semblent attacher plus d’importance aux aspects émotionnels. Elles ont souvent besoin d’aimer et d’être aimées pour succomber aux sirènes de l’adultère. Il leur sera généralement plus difficile de vivre une relation extraconjugale dans la mesure où ces situations engendrent un conflit émotionnel plus important que chez les hommes.
  • Dans le même ordre d’idée, les hommes souhaitent souvent satisfaire un besoin ponctuel. Or les femmes décident en général de tromper leur mari lorsque la situation de couple se dégrade … ‘Accidentelle du côté des hommes, l’infidélité serait plus calculée et réfléchie chez les femmes’ (Yvon Dallaire) …
  • Le sociologue américain Eric Anderson va plus loin et considère l’infidélité masculine comme un fait social à part entière. Pour lui, l’infidélité masculine serait inévitable et même utile à certains égards (trouver de nouveaux repères et de nouvelles sources de plaisir en dehors de son couple par exemple) …

Pistes de réflexion / analyses

  • Geneviève Paicheler (directrice de recherche au CNRS, membre du CERMES) propose une lecture sociologique de l’infidélité dans son ouvrage « Sexualité, normes et contrôle social ».
    Pour Geneviève Paicheler, la sexualité est en partie régie par des normes sociales : valeurs morales, religieuses, cadre législatif …
    Ces normes évoluent dans le temps. Mais même transformées, elles représentent pour l’auteur les fondations traditionnelles de notre vision de la sexualité – et par extension de notre vision sur la sexualité extraconjugale.
  • Veronika Nagy apporte une lecture historique de l’infidélité à travers l’étude de l’évolution des textes juridiques en cas d’adultère.
  • Charlotte Le Van (docteur en sociologie, membre du Centre d’étude et de recherche sur les risques et les vulnérabilités à l’Université de Caen-Basse-Normandie) a également beaucoup travaillé sur le thème de l’infidélité. Elle propose en particulier une typologie des causes et des formes de l’infidélité conjugale. Selon elle, deux grandes familles d’infidélité peuvent être identifiées :
    – L’infidélité relationnelle – la plus courante – qui se caractérise par le besoin de trouver des sources de plaisir qu’on ne trouve pas ou plus au sein de son propre couple.
    – Et l’infidélité personnelle, qui se caractérise par la recherche de plaisirs hédonistes, et ce même si l’on est heureux en couple. Ces personnes préfèrent être fidèle à leurs principes plutôt qu’à la personne qui partage leur vie.
  • Pour Sylvain Mimoun, nous avons tous des des modèles / représentations / schémas préconçus sur le l’amour / le couple / la sexualité. Ce spécialiste des rapports conjugaux observe également que le fait d’être fidèle n’est pas forcément la norme / n’a rien d’évident / de naturel. Tout se passe comme si les hommes et les femmes étaient en permanence – consciemment ou inconsciemment – infidèles : nous n’aimons pas forcément les mêmes choses que son partenaire, nous n’avons pas forcément les mêmes passions, nos choix éducationnels ne sont pas forcément les mêmes que ceux de notre conjoint(e) … Ces environnements ont une influence plus ou moins directe sur les choix que nous pouvons faire : ie, décider de tromper ou de ne pas tromper notre partenaire …

Et vous dans tout ça ?

Choisissez votre camp !

A vous de faire le choix de rester fidèle ou bien de rejoindre le camp des personnes infidèles !

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